Je fais venir chacun des parents individuellement mais toujours en présence du ou de la concerné. Plus ce processus est fait tôt dans la vie de cet enfant, plus les résultats sont extraordinaires. Car un jeune enfant, n’est pas dans l’intellect mais dans son ressenti physique et émotionnel, il n’a donc pas besoin, comme l’adulte, d’avoir raison.

Aujourd’hui, je voudrais vous raconter ma rencontre avec un petit garçon de 21 mois, accompagné de sa maman. Cette dernière m’explique qu’elle ne peut le laisser nulle part, même chez ses parents, sans qu’il soit en panique : il pleure et s’accroche à elle. Ces situations sont très difficiles pour toute la famille. J’apprends qu’il est le 2ème né d’une grossesse gémellaire et que son frère n’a pas du tout ces problèmes de comportement et il sert même de « locomotive » à mon jeune patient. La plupart du temps, c’est l’inverse qui est observé : le second né ayant tendance à suivre le premier né.

Il me parait évident que nous aurons l’explication lorsque nous reviendrons sur ce qui s’est passé au cours de la grossesse et de la naissance. Le rendez-vous est donc pris.

Lors de notre rendez-vous sur le scénario de naissance, j’ai un petit garçon qui fait des allers et retours pour vider ma caisse de ses jouets sur les genoux de sa mère. Pendant ce temps, cette dernière nous raconte qu’elle a eu très peur au cours de sa grossesse : elle a eu un décollement placentaire qui lui a valu un cerclage et l’obligation de rester allongée. Ce petit garçon devient très attentif sur cette partie, il est même à l’arrêt avec un jouet dans les mains attendant la réponse à ma question concernant l’état émotionnel de sa mère qui verbalise que ses peurs se sont concentrées surtout sur lui.

A partir du moment où me tournant vers lui, je lui ai expliqué que sa mère a eu très pour lui et qu’elle lui a demandé de s’accrocher pour rester en vie mais que maintenant, tout allait bien, qu’il était en sécurité et qu’il pouvait la « lâcher », il s’est mis à remettre tous les jouets dans la caisse. Quand cela a été fini, il s’est dirigé vers la porte de mon bureau : la séance était terminée pour lui.

Effectivement, à la séance suivante, je vais apprendre que tout est rentré dans l’ordre : quand sa mère le dépose chez ses grands-parents, il fait comme son frère, enlève sa veste et sa mère part sans qu’il y ai de crise.

Patricia LE BOUEDEC 

Psychologue

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